La ferme expérimentale de Mirecourt, un système de polyculture poly-élevage autonome et diversifié


La ferme expérimentale de Mirecourt, située dans les Vosges, s’impose un cadre strict : être 100% autonome et allouer une partie de ses productions à l’alimentation humaine. Ainsi toutes les surfaces cultivables (céréales, légumineuses, légumes plein champ…) sont utilisées pour l’alimentation humaine tandis que le poly-élevage (bovin lait, ovin viande et porc) permet de valoriser au mieux les ressources herbagères et les issues de tris.

Une ferme historiquement en grandes cultures et élevage bovin lait


La ferme expérimentale de Mirecourt a vu le jour en 1961. Initialement en grandes cultures et élevage bovin laitier, diverses expérimentations analytiques y ont été menées jusqu’au début des années 2000. Un grand virage est pris en 2004 avec la mise en place d’une expérimentation « système » visant à étudier les systèmes agricoles autonomes et biologiques. Les 240 hectares de surfaces ainsi que le troupeau bovin lait sont convertis à l’agriculture biologique et entre 2004 et 2015, les expérimentations cherchent à comparer 2 systèmes d’élevage bovin lait (un système 100% herbager et un système plus classique de polyculture élevage). Ces 11 années de recherche ont mené les chercheurs à reconcevoir le système de polyculture élevage de la ferme pour tendre vers plus de cohérence agronomique, environnementale et sociétale.

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Depuis 2016, polyculture et poly-élevage à Mirecourt


Une nouvelle expérimentation est alors lancée en 2016 avec pour objectif de diversifier au maximum la ferme et produire uniquement pour l’alimentation humaine. Les 70 hectares de culture permettent des productions très diversifiées (une vingtaine d’espèces sont cultivées). Le troupeau de 90 vaches laitières (base Holstein et Montbéliarde en pure et en croisement 5 races laitières) est mené en herbivorie stricte et monotraite (3200 L de lait/vache/an). Pour valoriser au mieux les ressources fourragères, un cheptel ovins viande de 130 brebis pâturent sur les prairies avec les vaches au printemps, avant d’être mené sur les résidus de culture et les couverts d’hiver. Enfin, selon les années, des porcs sont engraissés sur la ferme.


Des porcs en plein air intégral valorisant les productions non commercialisables


Le nombre de porcs élevés chaque année sur le site de Mirecourt est ajusté en fonction des volumes d’issues de tri disponibles. Ainsi, de 2017 et 2021, 15 à 40 porcs ont été engraissés par année à Mirecourt. La ferme n’a pas été accueilli de porcs en 2022, les issues de tri issues de l’année précédente n’étant pas suffisantes. Les porcelets sont achetés en post-sevrage et la race élevée dépend de la disponibilité des élevages naisseurs biologiques (Vosges, Marne, Côte d’Or).

Les porcs sont élevés en plein air intégral en pâturage tournant. Au printemps et à l’été, ils pâturent une parcelle de prairie temporaire luzerne-graminées en fin de cycle (3ème ou 4ème année) à une densité de 1 à 4 ares/porc selon la saison et la disponibilité en herbe. À la suite de leur passage, la prairie est détruite pour préparer les futurs semis, ou prolongée pour le pâturage des porcs l’année suivante (selon le taux de luzerne encore présent). A l’automne, s’ils sont suffisamment développés, les porcs valorisent les couverts d’intercultures (radis, trèfle, phacélie). A l’hiver, en fin d’engraissement les porcs pâturent une prairie permanente peu productive. En complément du pâturage, un aliment composé d’issus de tri et ponctuellement de productions périssables (colostrum, lait à cellules, pommes de terre non valorisables) est distribué. La ration est ajusté en fonction des GMQ (les porcs sont pesés tous les 15 jours) et des besoins de la boucherie.

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Un atelier de diversification économe et autonome mais des performances très hétérogènes


L’atelier porcin sur la ferme a été mis en place comme atelier de diversification permettant de valoriser au mieux les ressources disponibles sur la ferme. Tel qu’il a été conduit, cet atelier coûte peu cher (80% des charges (hors main d’œuvre) de l’atelier correspondent à l’achat des porcelets) et nécessite peu de temps de travail (ex : 256h/an en 2020). Il présente cependant des performances techniques très hétérogènes avec notamment des durées d’engraissement très variable selon les années et selon les porcs, puisqu’elles varient en moyenne entre 157 à 291 jours selon les années. Le poids carcasse quant à lui varie entre 85kg et 105 kg en moyenne selon les années.

Référence et plus d’infos :
Puech T. , PyV . , Durpoix A. , (2021). « Elever des porcs pour valoriser des fourrages et des productions non commercialisables en alimentation humaine dans un système agricole diversifié et autonome : performances zootechniques et points critiques». Fourrages, 248, 35-46.

Pour en savoir plus :
Projet Valorage
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