Premiers résultats sur les essais sur la distribution d’enrubannage à des porcs charcutiers

La distribution d’enrubannage aux porcs charcutiers permet de transformer les obligations réglementaires en pratique d’intérêt pour l’éleveur, afin de diminuer la part de l’aliment concentré, et ainsi réduire le coût alimentaire élevé en production porcine biologique.

Dans le cadre du projet VALORAGE, l’action 3 consiste à suivre plusieurs fermes pilotes qui réalisent des essais sur différentes pratiques d’utilisation des fourrages grossiers. Ces essais sont conduits dans des contextes d’élevage variés et avec des objectifs différents pour représenter la diversité des situations pouvant exister sur le terrain.

Trois contextes différents

Le tableau 1 récapitule les éléments de protocole et de contexte d’élevage des trois essais sur la distribution d’enrubannage aux porcs charcutiers.

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Tableau 1. Éléments de protocole et de contexte d'élevage

Dans le premier élevage, Nicolas et Jean-Jacques PRALONG ont choisi d’appliquer un rationnement alimentaire de 5% en période de croissance puis de 10% en période de finition. L’enrubannage de luzerne était distribué sous forme d’une botte entière pour la case. La botte était changée tous les 7 à 10 jours environ.

Dans le deuxième élevage, Carl Sheard a choisi d’appliquer un rationnement alimentaire relativement sévère (-20% par rapport à une ration normale) mais seulement en période de finition (à partir de 65 kg de poids vif). Le contexte de report des départs à l’abattoir a perturbé le protocole puisqu’il n’a pas été possible d’élever un lot témoin contemporain. L’enrubannage de méteil était distribué tous les jours à raison de 50 kg par case dans des râteliers fixés sur une barrière.

Dans le troisième élevage, Maxime BOTUHA a choisi d’appliquer un rationnement alimentaire progressif de 2% en période de croissance à 6% en période de finition. L’enrubannage de trèfles, ray-grass et fétuque était distribué à volonté dans deux modèles différents de râteliers.

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Premiers enseignements

Malgré la diversité des situations d’élevage étudiées, il ressort des conclusions communes aux 3 essais sur l’effet de la distribution d’enrubannage aux porcs charcutiers :
1/ Le rationnement alimentaire associé à la distribution d’enrubannage a permis d’économiser de l’aliment concentré et donc d’améliorer le coût alimentaire (hors coût fourrage)
2/ Le rationnement alimentaire associé à la distribution d’enrubannage a permis d’améliorer la valeur du TMP (Taux de Muscle des Pièces) de la carcasse
3/ La distribution de fourrage grossier a permis d’améliorer le bien-être animal en procurant un enrichissement du milieu de vie en engraissement, ce qui s’est traduit par des animaux plus calmes.

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D’autres effets de la distribution de fourrages grossiers comme l’impact sur la vitesse de croissance des animaux sont variables selon le contexte d’élevage, en lien avec l’intensité du rationnement alimentaire appliqué. De façon logique, plus l’intensité du rationnement alimentaire est forte et plus la vitesse de croissance des porcs est impactée. L’âge des animaux au début de la distribution des fourrages joue également un rôle car la capacité des porcs à valoriser les fourrages augmente au fur et à mesure de leur croissance.

Par ailleurs, ces trois essais mettent en lumière plusieurs points de vigilance sur l’utilisation du fourrage par les porcs :
1/ la composition du fourrage impacte l’appétence et la digestibilité par les porcins
2/ la qualité du fourrage distribué (récolte, conservation) est essentielle pour une bonne valorisation
3/ les modalités de distribution du fourrage impactent les quantités consommées par porc : une distribution plus fréquente en petites quantités est préférable à une distribution moins fréquente en botte entière.

En conclusion, la distribution de fourrages conservés est une pratique accessible à un grand nombre d’éleveurs mais elle implique un nouveau savoir-faire à acquérir par les éleveurs de porcs pour la récolte, la conservation et la distribution des fourrages. Elle nécessite également une certaine autonomie en équipements pour la récolte et la distribution des fourrages conservés.

Les perspectives


Une analyse détaillée des essais sera réalisée en incluant la prise en compte de la valeur alimentaire des fourrages, les données sur le temps de travail nécessaire et les coûts engendrés par cette pratique. Les résultats complets seront disponibles au printemps 2024 sous forme de différents livrables, comme des fiches de synthèse ou encore des vidéos.

Rendez-vous à la fin du projet VALORAGE !

Contact

Florence MAUPERTUIS, Chargée de mission production porcine à la CA PdlL - Tél. : 02 53 46 63 18