Pâturage et distribution de fourrages en Porcs bio

Focus sur les pratiques des élevages bretons

Dans le cadre de l'Action 1 du projet Valorage, une étude ayant pour objectif de faire un état des lieux sur les pratiques des éleveurs de porcs biologiques a été réalisée en Bretagne (IBB) et en Pays de la Loire (CA PDL). Zoom sur l'étude bretonne.

L'étude : plusieurs outils pour recueillir du quantitatif et du qualitatif

Afin de réaliser un état des lieux des pratiques des éleveurs de porcs bio bretons en lien avec le pâturage et la distribution de fourrage, une enquête par questionnaire a été réalisée sur les mois de juin, juillet et août. Sur cette même période, le collectif breton d'éleveur de porcs (Cohortes, Action 1 Valorage) s'est réuni et a permis au travers d'entretiens directifs menés en amont et de divers ateliers et échanges semi-directifs lors de la réunion de lancement, de recueillir sous forme de verbatim les pratiques, motivations, attentes et questionnements d'un groupe d'éleveur intéressé par la thématique des fourrages dans l'alimentation des porcs.
Au total, les résultats de cette enquête représentent un peu plus de 32% des éleveurs de porcs bio bretons (sur un total de 96 éleveurs en Bretagne - source Agence Bio, 2020) et sont donc considérés comme représentatifs.

Les parcours ou pâturages présents chez 36% des éleveurs de porcs bio

Les élevages bretons présentent différents systèmes de logements, y compris en fonction du stade physiologique de l'animal. Ainsi le système bâtiment + courette représentent la majorité des systèmes de logements (57.1% des systèmes pour les porcs ; 40.9% pour les truies allaitantes (TA) ; 54.4% pour les truies gestantes (TG) ; et 50% pour les porcs verraterie). Le système plein-air représente également une part importante des répondants (25% pour les porcs ; 22.7% pour les TA ; 27.3% pour les TG ; et 25% pour les porcs verraterie). Enfin, le système alternatif bâtiment + parcours est plus importants pour les truies (TA et TG) et porcs verraterie (22.7% des systèmes pour les TA ; 18.2 % pour les TG ; et 20% pour les verrats) et représente 14.3% des systèmes de logement pour les porcs charcutiers.
Ainsi les parcours et pâturage sont présents chez 36% des éleveurs de porcs bio bretons.

Des parcours implantés en mélange de graminées et légumineuses ou flore spontanée

Les parcours et prairies sont composées en grande partie de trèfle (70% des prairies), de Ray-Grass (70%) ou sont catégorisées en prairie naturelle avec une flore spontanée (40%). On retrouve également quelques autres espèces comme la fétuque ou des mélanges de céréales, et de manière plus occasionnelle des espèces comme le radis, le topinambour, le dactyle ou encore la chicorée.
Il est difficile de connaitre la composition exacte des parcours et prairies des éleveurs ; le niveau de connaissance de ces éleveurs sur les prairies et sur sa flore est en effet très variable. Certains parlent « d’herbe » tandis que d’autres précisent chaque espèce présente.
Outre les résultats des questionnaires, les entretiens ont permis de corroborer les besoins des éleveurs en terme de connaissances des espèces végétales présentes dans leurs parcelles - connaissances que beaucoup témoignent ne pas posséder à ce jour - et sur celles qui seraient intéressantes à implanter.

Pour les éleveurs qui distribuent des fourrages (43%), le foin et l'enrubannage sont les formes les plus utilisées

Près de la moitié des éleveurs de porcs bio bretons distribue des fourrages aux différents stades physiologiques d'élevages (43%). Pour l'ensemble des catégories d'animaux (porcs, truies gestantes et truies allaitantes), on retrouve globalement les mêmes formes : en majorité le foin (45% des fourrages distribués pour les porcs, 50% pour les truies (TA et TG)) suivi de l'enrubannage (36% des fourrages distribués pour les porcs, 30% pour les TG et 20% pour les TA) et de la paille (18% des fourrages distribués en porcs, 30% en TG et 30% en TA). Enfin, une part non négligeable de fourrages issu des refus des autres ateliers est également distribuée. Il s'agit avant tout de valoriser les rejets des autres ateliers. Les résultats des questionnaires ne permettent pas de mettre en évidence les espèces végétales privilégiées pour ces formes de fourrages. Sont malgré tout évoqué la luzerne, l'herbe, l'ortie ou encore les pommes de terres cuites et les rebus/invendus de légumes qui rencontreraient, pour ces derniers, un franc succès auprès des porcins.
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La plus grande motivation à ces pratiques est liée au bien-être animal mais il y a beaucoup d'autres motivations à faire pâturer ses porcs ou à distribuer des fourrages

Le bien-être animal est la motivation principalement évoquée pour 43% des éleveurs. La seconde motivation avancée est la valorisation des ressources (29% - valorisation des parcelles, valorisation des fauches, valorisation des coproduits des autres ateliers ou d'invendus, etc.). Cette motivation met en évidence la cohérence t la réflexion globale du système (qui est elle aussi une motivation annoncée pour 14% des éleveurs) et les potentiels économie alimentaires (motivation présentée pour 21% des éleveurs). A ces perceptions s'ajoutent une motivation concernant le transit alimentaire des porcs (21%des éleveurs), et l'intérêt alimentaire (14%) bien que beaucoup témoignent de la méconnaissance générale des apports nutritionnels permis par ce type d'alimentation.
Le bien-être et les convictions de l'éleveur sont également des motivations importantes à la pratique du pâturage ou de la distribution de fourrages (21% des éleveurs). Enfin la notion de qualité de la viande est évoquée pour 14% des éleveurs et la cohérence de faire pâturé pour 7% des éleveurs afin de valoriser la typicité de leur race (notamment pour les races comme le Porc Blanc de l'Ouest).
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La gestion des parcours et les méthodes de distribution sont les difficultés les plus exprimées par les éleveurs de porcs bio

La difficulté la plus exprimée par les éleveurs est la gestion de la parcelle pâturée (40%). En effet, l'entretien et le maintien de la parcelle sont compliqués notamment dû aux comportements naturels des animaux (fouissage, piétinement, confection de bauges, etc.), au temps d'implantation du couvert qui est conséquent et à l'entretien des clôtures. Les méthodes de distribution des fourrages apparaissent ensuite comme le deuxième frein le plus important à ces pratiques (33% des éleveurs). Il n'existe pas ou très peu d'aménagements adaptés pour la distribution pour ce type d'animaux ce qui pousse les éleveurs à l'auto-construction ou à accepter le fait qu'une partie des fourrages distribuées soient gaspillés. Ce dernier point est d'ailleurs un frein exprimé par 13% des éleveurs. Les conditions pédoclimatiques sont des freins exprimés par 27% des éleveurs et sont liés, entre autres, à la pénibilité et temps de travail (exprimé par 27% des éleveurs) et à la difficulté du maintien du parcours. Enfin, un frein lié à la réglementation (notamment sur la biosécurité) est présenté par 20% des éleveurs et des raisons de rentabilité et de finance sont également exprimées (respectivement 13% chacune). Le dernier frein présenté par les éleveurs est le manque de connaissance liées au pâturage ou fourrages (13%) et ce point rejoint les remarques exprimées lors de la description des couverts en place.
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Malgré des freins et interrogations, des pratiques qui séduisent les éleveurs : l'essence du projet Valorage !

Les motivations à la mise en place de parcours et fourrages sont nombreuses ; apport alimentaire, économie, qualité de la production, image positive ou encore conviction de l’éleveur. Cependant, une motivation ressort systématiquement chez tous les éleveurs : le bien-être animal ; d’une part par le biais de l’espace et l’accès extérieur offert par les parcours, et d’autre part par le divertissement et les bienfaits alimentaires qu’apportent les fourrages. La motivation principale à l’utilisation de parcours et fourrages est donc le bien-être des animaux. Concernant l’apport alimentaire, bien que conscients des apports nutritifs que peuvent représenter les parcours et fourrages, ce n’est pas la motivation principale, mais bien l'une des interrogations le plus souvent exprimée.
L'étude qui a été réalisée permet de faire un état des lieux des pratiques des éleveurs et ainsi de répertorier les leviers d'actions et les besoins réels pour le développement du pâturage et de la distribution de fourrages en élevage monogastrique. Cela conforte le besoin de connaissance lié à ces pratiques et permet d'éclairer les autres actions du projet VALORAGE en ancrant les tâches menées avec les besoins et les réalités des élevages biologiques porcins bretons.
Les résultats détaillés de cette étude ainsi que ceux de la Région Pays de la Loire seront publiés prochainement.
Pour en savoir plus :
Projet Valorage
Site Alimentation 100% biologique des monogastriques
Actualités de la CA PDL et Actualités d'IBB !
Contacts
Mélanie GOUJON (CA PDL), 02 41 18 60 33 - melanie.goujon@pl.chambagri.fr et Florine MARIE (IBB), 02 99 54 03 33 - florine.marie@bio-bretagne-ibb.fr