Pâturage et aménagement des parcours en Poules pondeuses bio

Focus sur les pratiques des élevages bretons


Dans le cadre de l'Action 1 du projet Valorage, une étude ayant pour objectif de faire un état des lieux sur les pratiques des éleveurs de poules pondeuses biologiques a été réalisée en Bretagne (IBB) et en Pays de la Loire (CA PDL). Zoom sur l'étude bretonne.

L'étude : plusieurs outils pour recueillir du quantitatif et du qualitatif


Afin de réaliser un état des lieux des pratiques des éleveurs de poules pondeuses bio bretons en lien avec les parcours, une enquête par questionnaire a été réalisée sur les mois de juin, juillet et août. Sur cette même période, le collectif breton d'éleveur de pondeuses (Cohortes, Action 1 Valorage) s'est réuni et a permis au travers d'entretiens directifs menés en amont et de divers ateliers et échanges semi-directifs lors de la réunion de lancement, de recueillir sous forme de verbatim les pratiques, motivations, attentes et questionnements d'un groupe d'éleveur intéressé par la thématique des fourrages dans l'alimentation des poules pondeuses.

Un taux de réponse non représentatif mais des résultats cohérents


Au total, les résultats de cette enquête représentent un peu plus de 11% des éleveurs de pondeuses bio bretons (sur un total de 326 éleveurs en Bretagne - source Agence Bio, 2020) et ne peuvent donc être considérés comme représentatifs. Cependant ces résultats ont été comparés avec les résultats en Pays de la Loire (qui ont eu un taux de réponse permettant d’être représentatifs) et sont cohérents. Ils seront ainsi consolidés par la suite avec les résultats de l’étude en Pays de la Loire.

Des parcours majoritairement en mélange de graminées et légumineuses ou flore spontanée


Les parcours sont composés en grande partie de Ray-Grass (présent dans 76% des prairies) et de trèfle (48%). Plus de 20% des parcours sont considérés comme prairie à flore spontanée et présentent ainsi des espèces comme la fétuque, le pâturin, le dactyle ou encore le plantain. On retrouve également quelques autres espèces comme l’avoine, la luzerne, l’ortie ou l’houlque.
A l’instar de l’enquête des éleveurs de porcs, il est difficile de connaitre la composition exacte des parcours et prairies des éleveurs ; le niveau de connaissance sur les espèces végétales des parcours est en effet très variable.
Les entretiens avec les éleveurs ont permis de mettre en évidence les besoins en apports de connaissance quant aux espèces présentes au sein de leurs parcours mais aussi et surtout sur les espèces qui seraient intéressantes d’implanter afin d’optimiser la pâture.

Les parcours sont une obligation réglementaire de l’AB mais leur bonne utilisation par les poules dépend des aménagements mis en place par l’éleveur


Les éleveurs interrogés ont tous exprimés le fait que bien que les parcours soient une obligation réglementaire de l’AB, les poules ne l’utilisent pas toutes et surtout pas complétement. Nous avons ainsi pu mettre en évidence les différents aménagements mis en place par les éleveurs afin de faciliter l’exploration des poules dans les parcours. Les premiers éléments exprimés sont la présence de haies (pour près de 68% des éleveurs) et/ou d’aménagements agro-forestiers (plantation d’arbres, bosquet, etc. – pour 64.5% des éleveurs) avec la présence également de vergers ou arbres fruitiers, très appréciés par les gallinacées (mis en place par 16% des éleveurs) et de talus (6.5% des éleveurs). Certains éleveurs élargissent également leurs horaires d’ouvertures des trappes (22.5%) et implantent des couverts appétant en sortie de trappes (9.7% des éleveurs) afin d’inciter à la sortie. Enfin, un peu plus de 3% des éleveurs pratiquent le pâturage tournant dynamique permettant, notamment, d’avoir un maximum de couverts bien implantés et appétants.

Les poules ont besoin d’être guidées et de pouvoir s’abriter pour pouvoir explorer tout le parcours


Les poules sont des animaux craintifs et l’exploration des parcours se révèle souvent difficile. Certains éleveurs ont exprimé leurs astuces pour optimiser la sortie : arbuste « peignes » en sortie de trappe, « pédigravier » en sortie de trappe, talus et bosquets régulièrement placés pour fixer des objectifs à atteindre, bonne orientation du parcours et encadrement par des haies de plusieurs strates arborées ou encore réception des futures pondeuses au stade poussin pour une meilleure habituation ou choix privilégier de poulettes issus d’élevages qui favorisent les bonnes habitudes de sortie.

Pour les éleveurs qui distribuent des fourrages (75%), le foin et les blocs à picorer sont les formes les plus utilisées


Un peu plus de 75% des éleveurs interrogés indiquent distribuer des fourrages, et cette distribution se révèlerait encore plus importante pour les éleveurs en cas de claustration.
Le foin est distribué par 43% des éleveurs, suivi des blocs à picorer (32% des éleveurs) et des blocs de luzerne (18% des éleveurs). La luzerne est également distribuée sous formes de balles directement (14% des éleveurs). La fauche de parcours est distribuée pour 7% des éleveurs (espèces végétales non précisées), 4% utilisent des invendus, coproduits ou déchets maraîchers et également 4% distribuent de l’enrubannage (sans précision du type végétal). Enfin, bien que n’étant pas un fourrage, certains éleveurs ont précisé mettre à disposition des copeaux (4%) et ont exprimé le grand intérêt de cette pratique pour apaiser les poules en cas de claustration. De manière générale, cette remarque a été associée à la pratique de distribution indiquant que les poules se piquaient moins et qu’il y avait un effet positif sur l’ambiance générale du bâtiment.

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La plus grande motivation aux parcours est le bien-être animal et pour beaucoup d’éleveurs, cela relève du « bon sens »


Les parcours sont perçus par l’ensemble des éleveurs comme favorisant le bien-être animal. Ils permettent également une image positive de l’élevage pour le consommateur (68.7% des éleveurs) et en accord avec leurs principes et leur éthique (précisé par 28% des éleveurs). Les éleveurs reconnaissent également l’intérêt alimentaires du parcours (37.5% pour la partie non-protéique et 18,8% pour la partie protéique de l’alimentation) qui permet en effet aux poules de consommer des éléments qu’elles ne trouveraient pas forcément dans leur ration : « Elles trouvent des herbes et des insectes », « elles vont chercher des trucs que nous on pourrait pas leur apporter » (Eleveurs de poules pondeuses, 2021) ; et de supplémenter leur ration avec des protéines consommées dans le parcours bien que les éleveurs expriment l’absence de connaissance sur les apports protéiques permis par le pâturage : « C’est de la valeur alimentaire mais je sais pas ce que ça vaut »,« implanter un couvert plus protéique pour diminuer la consommation d’aliment » « L’aliment bio coûte environ 550€/tonne, si elles vont chercher déjà 10% dans les parcours c’est top » (Eleveur de poules pondeuses, 2021).

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La gestion des parcours et l’entretien ainsi que la prédation sont les freins les plus exprimés


La difficulté la plus exprimée par les éleveurs est la gestion du parcours (37% des éleveurs l’expriment). En effet, le couvert subit une pression de pâturage conséquent par les poules (consommation du couvert à raz, piétinement, creusage, nid de poussière, etc.) et il est souvent difficile de mettre en place des rotations de parcours (bâtiments fixes, parcellaire limité, etc.) ou de laisser au couvert suffisamment de temps pour s’implanter (temps du vide sanitaire, période de l’année, etc.). L'entretien des clôtures est une difficulté exprimée par 32% des éleveurs qui relèvent l’importance de bonnes clôtures notamment pour pallier la prédation (difficulté exprimé par 21% des éleveurs). Les autres freins exprimés sont : l’aspect économique (pour 16% - coût de mise en place des couverts, rentabilité, pertes d’animaux, etc.) ; le fait de travailler avec du vivant (exprimé par 16 % des éleveurs) ; et enfin l’aspect administratif et réglementaire (exprimé par 11%). A noter que 11% des éleveurs expriment ne pas avoir de difficultés particulières à la mise en place de ces pratiques d’élevage.

Malgré des freins et interrogations, des pratiques qui séduisent les éleveurs : l'essence du projet Valorage !


Tout comme les résultats de l’enquête sur les pratiques en porcs bio, les motivations à la mise en place de parcours et fourrages sont nombreuses ; apport alimentaire, économie, qualité de la production, image positive ou encore conviction de l’éleveur. Cependant, une motivation ressort systématiquement chez tous les éleveurs : le bien-être animal ; d’une part par le biais de l’espace et l’accès extérieur offert par les parcours, et d’autre part par le divertissement et les bienfaits alimentaires qu’apportent les fourrages.
Concernant l’apport alimentaire, bien que conscients des apports nutritifs que peuvent représenter les parcours et fourrages, ce n’est pas la motivation principale, mais bien l'une des interrogations le plus souvent exprimée.
L'étude qui a été réalisée permet de faire un état des lieux des pratiques des éleveurs et ainsi de répertorier les leviers d'actions et les besoins réels pour le développement du pâturage et de la distribution de fourrages en élevage monogastrique. Cela conforte le besoin de connaissance lié à ces pratiques et permet d'éclairer les autres actions du projet VALORAGE en ancrant les tâches menées avec les besoins et les réalités des élevages de pondeuses biologiques bretons.
Les résultats détaillés de cette étude ainsi que ceux de la Région Pays de la Loire seront publiés prochainement.
Pour en savoir plus :
Projet Valorage
Site Alimentation 100% biologique des monogastriques
Actualités de la CA PDL et Actualités d'IBB !
Contacts
Mélanie GOUJON (CA PDL), 02 41 18 60 33 - melanie.goujon@pl.chambagri.fr et Florine MARIE (IBB), 02 99 54 03 33 - florine.marie@bio-bretagne-ibb.fr