Évaluation de la valeur nutritionnelle de fourrages chez les volailles

Dans le cadre du projet VALORAGE, l’action 2 consiste à compléter les tables nutritionnelles des matières premières biologiques existantes, grâce à des analyses chimiques et nutritionnelles de matières premières fourragères.

Parmi tous les fourrages disponibles, onze fourrages présentés sous différentes formes et issus de différentes familles ont été sélectionnés pour être évalués chez le coq adulte au cours de deux essais, selon méthode des bilans décrite par Bourdillon et al, 1990. Les essais ont eu lieu au sein de la station expérimentale INRAE de l’UE EASM (Le Magneraud).

Pourquoi le coq adulte ?

En volailles, le modèle de référence pour la production de données standardisées dans le cadre de mesures de digestibilité est le coq adulte car ses besoins sont liés uniquement à son entretien. Il n’y a pas d’interaction possible avec la croissance et/ou la ponte, ce qui en fait un modèle idéal pour évaluer la digestibilité des matières premières alimentaires.

Qu’est-ce que la méthode des bilans ?

Il s’agit de la méthode de référence en Europe et dans le monde concernant l’évaluation de la valeur nutritionnelle in vivo des aliments et des matières premières pour les volailles. Un « bilan » consiste à quantifier le pourcentage de chaque nutriment réellement disponible pour le maintien, la croissance ou la production de l’animal ou à l’inverse, excrété dans l’environnement.

Les aliments sont distribués à volonté aux animaux. Quant aux excrétas, ils sont collectés individuellement et quotidiennement pendant 3 jours (Figure 1) afin d’avoir une collecte totale. Ensuite, ils sont lyophilisés puis broyés avant de les analyser pour mesurer la digestibilité de l’aliment et du fourrage testé.

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Figure 1 : chronogramme de la méthode des bilans

L’aliment contenant le fourrage à tester est distribué une seule fois, le 1er jour du bilan. Les refus (c’est-à-dire aliments non consommés) sont pesés au moment du retrait de l’aliment, à la fin du bilan. Cela nécessite donc d’avoir des fourrages ayant été stabilisés par un séchage (fourrages secs et/ou lyophilisés) afin d’avoir une composition chimique stable pendant toute la durée du bilan digestif.

Quels fourrages ont été testés dans le cadre du projet Valorage ?


Les fourrages ont été incorporés à hauteur de 30% dans l’aliment. Les 11 fourrages testés (Tableau 1) étaient très variés, tant par leur valeur nutritionnelle, que par la forme d’apport. En effet, 4 étaient présentés sous forme sèche, 4 sous forme lyophilisée, 2 sous forme fraîche et 1 sous forme enrubannée.

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Tableau 1 : type et composition fourrage

Dans le cadre de ce projet, la méthode des bilans décrite par Bourdillon et al. (1990) a dû être adaptée pour les fourrages distribués sous forme fraîche ou enrubannée car ils ne sont pas stabilisés et leurs compositions chimiques évoluent rapidement au cours du temps. Pour ces fourrages, des prélèvements au champ ont été réalisés chaque matin pendant 3 jours. Suite à chaque récolte, un nouvel aliment a été fabriqué puis distribué aux coqs.

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Figure 2 : adaptation de la méthode des bilans pour les fourrages frais et enrubannées

Qu’est-ce qui ressort de ces essais ?


Outre les difficultés de méthodes et de mise en place des essais, notamment dus à l’évaluation de fourrages frais, ces travaux ont permis, d’une part de montrer que les coqs consommaient très bien les fourrages incorporés à 30% dans l’aliment lorsqu’ils étaient broyés suffisamment finement, et d’autre part de valider l’adaptation de la méthode de Bourdillon et al., 1990, pour les fourrages frais et enrubannés. De plus, ces travaux vont permettre de référencer de nouveaux fourrages dans les tables AFZ de « composition et valeurs nutritionnelles des matières premières », dont certains ont montré un réel intérêt nutritionnel pour les volailles.