Parcours et fourrages : la vision des éleveurs

Au premier semestre 2022, un troisième (et dernier) collectif d’étudiants de l’Institut Agro a apporté sa contribution au projet VALORAGE. L’objectif de leur travail était de reprendre l’ensemble des enquêtes effectuées auprès des éleveurs et des prescripteurs, et d’en croiser les données et enseignements.
Leur travail a permis de confirmer certains ressentis. Par exemple, la zone géographique ne semble pas avoir d’effet sur les pratiques en matière d’utilisation des parcours et fourrages. Les motivations pour les parcours sont plus fortes dans la filière poule pondeuse que dans la filière porcine, vraisemblablement car les parcours y sont une obligation réglementaire.
Globalement, les attitudes sont également différentes entre les acteurs. Ainsi, les éleveurs expriment plus de motivations et moins de freins que les prescripteurs à introduire des parcours et des fourrages pour leurs animaux. Nous nous centrerons ci-dessous sur les retours des éleveurs.
Les motivations principales qu’ils citent relèvent du bien-être animal et de la dimension sociale. Ils l’expriment ainsi pour les pondeuses : « Le parcours favorise clairement le bien-être animal, elles se piquent moins, elles sont mieux dans leur tête », « C'est clairement du bien-être animal, on voit bien, elles sont moins stressées », et pour les porcs « Cochons dehors = cochons heureux », « Quand ils sont allongés au soleil en pleine sieste, c'est génial ».

Les éleveurs évoquent également les aménagements qu’ils mettent en place afin que les animaux y aillent sans appréhension : besoin de sécurité pour les poules, d’abris vis-à-vis de la météo pour les porcs. « Les arbres sont importants en été pour l’ombre et puis si en plus il y a des fruits c’est que du bonus », « J’ai installé des brumisateurs pour les fortes chaleurs », « Il faut vraiment faciliter leur sortie pour les inviter à explorer », « Elles ne vont pas jusqu’au bout pour explorer », « Elles ont besoin de se sentir en sécurité, de se faire guider ». Réfléchir ces aménagements pour pouvoir gérer facilement les rotations et l’entretien semble essentiel.

Toutefois, ils déplorent le temps supplémentaire nécessaire et la pénibilité pour l’apport de fourrage et la valorisation de parcours : « On a beau être convaincu de ce qu'on fait c'est une charge de travail énorme ». Côté porc, les éleveurs mentionnent l’impact des conditions climatiques « La distribution des fourrages dans des conditions boueuses… », « Les conditions en hiver, c’est difficile, aussi bien pour les animaux que pour l’éleveur » et un travail plus complexe du fait de l’absence de mécanisation adaptée pour la distribution de fourrages et de la dégradation des parcours par les animaux. « Dégradation des sols par les cochons », « Maintien des parcelles chez les porcs charcutiers ». Côté pondeuses, l’entretien des parcours est aussi une problématique « Salissement et entretien des clôtures électriques », « Mes clôtures sont envahies de mauvaises herbes, du coup le courant ne passe plus ».

Cultiver ses propres aliments, comme les fourrages, peut être vu comme un atout dans un contexte d’augmentation du prix des matières premières. Certains éleveurs voient là une piste pour réduire leur coût alimentaire via l’apport nutritif de ces aliments. Ils souhaiteraient que de nouvelles connaissances soient produites, concernant les valeurs alimentaires des parcours et des fourrages, mais aussi sur la gestion du couvert en lui-même : « Manque de connaissance par rapport à ça », « Connaître la qualité des fourrages pour implanter de nouvelles prairies », « C’est clairement de la valeur alimentaire, mais je ne sais pas ce que ça vaut », « Je leur donne mais je ne sais pas précisément ce que ça leur apporte ».

Les éleveurs ressentent aussi un besoin d’amélioration des techniques actuelles pour le suivi, la gestion des parcours, ainsi que sur la distribution des fourrages « Il faut vraiment trouver un moyen pour distribuer plus facilement les fourrages », « Quand est-ce qu’on doit faucher, et à quels stades, c’est un vrai métier », « Optimiser les parcours et la distribution » « Il faut vraiment trouver un moyen pour distribuer plus facilement les fourrages ».

Les résultats produits dans le cadre de VALORAGE pourront donner des pistes pour répondre à certains de ces besoins, notamment sur les valeurs alimentaires des fourrages, sur les mélanges à implanter ou sur le rythme d’exploitation du couvert.

Contact

Mélanie GOUJON (CA PDL), 02 41 18 60 33 - melanie.goujon@pl.chambagri.fr