Bilan de l’essai en circuit court


Dans le cadre du projet Valorage, un essai a été réalisé dans une exploitation en circuit court basée dans le Morbihan. Un aliment appauvri en protéines (1%) a été distribué sans avoir de conséquences majeures sur les performances techniques.

Description de l’élevage

L’élevage comporte 4 cabanes de 1000 poules pondeuses chacune sur un seul parcours commun avec une commercialisation en circuit court. Les bâtiments mobiles sont déplacés chaque semaine au sein du parcours de 2,3 ha récemment planté d’arbres fruitiers.

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L'élevage

Avant la mise en place des cabanes, le parcours était une prairie pâturée par un élevage laitier. En 2018, lors de la mise en place de l’atelier un couvert de chicorée, trèfle blanc, dactyle a été planté sur le parcours.

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L’état des lieux de la prairie en 2022 indique que le trèfle blanc s’est très bien développé par rapport à la luzerne, la fétuque et le RGA. Plusieurs autres espèces non semées sont également présentes, dont du dactyle qui était fortement présent dans la prairie des bovins lait. Un taux de sol nu de 11% indique une bonne exploitation de la prairie par les animaux.

L’aliment distribué est partiellement fabriqué à la ferme (2/3 : 28% maïs, 8% T chanvre, 25% triticale, 6% pois ou féverole) auquel est rajouté un complément acheté (1/3 : tourteau de soja bio, carbonate de calcium, luzerne, gluten de maïs, avoine bio, phosphate monocalcique, huile de soja, tourteau de tournesol, chlorure de sodium et bicarbonate de sodium).

La démarche dans le projet Valorage

L’éleveur souhaitait travailler sur l’autonomie alimentaire de son exploitation en valorisant les cultures produites pour produire l’aliment pour les pondeuses. Comme il effectuait déjà la démarche de parcours enrichi, le but a été de formuler des formules alimentaires appauvries en protéines pour évaluer l’impact sur les performances techno-économiques de l’atelier et voir si le parcours enrichi permettait de pallier cette réduction de taux de protéines dans l’aliment.

La formulation des aliments

En premier lieu, l’aliment distribué ainsi que 9 matières premières ont été analysées : taux de matière sèche, de matière organique et minérale, de matière grasse, de protéines totales, de phosphore et de calcium. Ces 4 dernières données sont représentées dans la figure ci-dessous. Pour le tourteau de chanvre, des analyses supplémentaires de lysine et de méthionine ont été réalisées.

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2 formules alimentaires ont ainsi été créées (entrée-milieu de ponte et persistance-fin de ponte) en réduisant la MAT et l’incorporation de soja mais en répondant tout de même aux besoin des poules, la méthionine étant essentielle pour qu’elles continuent à pondre. Un prémix et des coquilles d’huitre ont également été apportées pour l’apport en calcium et minéraux. 2 formules témoin supplémentaires ont également été créées afin de faciliter la logistique de la fabrication d’aliment à la ferme sur l’exploitation et pour avoir une granulométrie similaire aux aliments essais. Les formules essais sont appauvries en protéines (environ 1% inférieur) et en soja (1.4% pour la formule entrée de ponte et 2.5 % pour la formule persistance).

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Une analyse de l’aliment déconcentré début milieu de ponte a été réalisée après la fabrication à la ferme. Le taux de protéines était de 18,4 %, de matières grasses de 6.6%, de calcium de 1.9% et le phosphore de 0.8 % ce qui est relativement conforme à ce qui était attendu.

L’essai réalisé

Au préalable, le parcours a été séparé en deux à l’aide de clôtures mobiles avec les cabanes P1 et P4 d’un côté et les cabanes P2 et P3 de l’autre. Les nouvelles formules alimentaires ont été distribuées à partir du 27 juin 2022 jusqu’au 8 aout 2022 :
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La distribution d’aliment appauvri en protéines n’a pas pu être effectuée sur une période plus longue du fait de l’influenza aviaire qui a engendré un confinement des poules dès mi-aout 2022. Sans le parcours pour apporter des ressources supplémentaires, l’éleveur ne souhaitait pas prendre de risque de poursuivre l’essai.

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Principaux résultats

Le tableau ci-dessous récapitule les performances globales des 4 cabanes sur la période de l’essai (du 27 juin 2022 au 8 aout 2022) :
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Tout d’abord, les résultats sont à interpréter avec précaution sur l’effectif de pondeuses réellement présent par bâtiment. Si la mortalité est relevée tous les jours, des disparitions par prédation et des changements de poulaillers peuvent avoir lieu. Un comptage de poules a été réalisé le 22 juillet mettant en avant de gros écarts entre le nombre supposé être dans le bâtiment (nombre de poules mises en place – poules mortes) et l’effectif réellement présent : 19 poules en plus dans le P1, 28 poules en moins dans le P2, 5 poules en plus dans le P3, 68 poules en moins dans le P4. Pour calculer le taux de ponte, ces écarts sont répartis sur le lot permettant de lisser les courbes.

Le taux de mortalité calculé uniquement sur la base des poules mortes ramassées (hors disparition pour s’affranchir du problème relevé ci-dessus) semblent plus importantes pour les cabanes ayant reçu l’aliment appauvri. L’indice de consommation est très variable d’une cabane à l’autre et il n’est pas possible de faire une distinction entre les différents aliments distribués. Enfin, les poules ayant un âge différent, il n’est pas possible de conclue sur ces taux de ponte bruts.

Afin d’avoir une vision plus globale, le graphique ci-dessous représente l’évolution des taux de ponte de fin mai (30 jours avant l’essai) jusqu’à la fin de l’essai le 8 aout.

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Le tableau ci-dessous indique le taux de ponte moyen 30 jours avant la distribution des aliments tests et le taux de ponte moyen sur la période de l’essai (43 jours) :
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Les taux de ponte varient peu pour les cabanes P2 et P3. Une grosse chute est observée pour le P4 après la distribution de l’aliment appauvri en protéines notamment avec une chute très prononcée aux alentours de mi-juillet mais ce phénomène est également observé sur le P3. Pour les cabanes P1 et P2, on observe le phénomène inverse avec un taux de ponte supérieur après distribution de l’aliment appauvri en protéines.

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En comparant les taux de ponte aux mêmes âges sur les bandes précédentes, on constate que les taux de ponte sont inférieurs pour les deux cabanes. Toutefois, il est important de noter que les conditions climatiques de l’été 2022 étaient particulièrement sévères avec des grosses chaleurs sur une durée importante pouvant avoir un impact sur les performances.

S’il est difficile de conclure sur les résultats, nous observons tout de même que des taux de ponte satisfaisant ont été maintenus malgré l’appauvrissement en protéines de l’aliment et qu’il n’y a pas eu de gros écarts avec les autres cabanes. La distribution d’un aliment appauvri sur une période plus longue permettrait d’apporter des éléments supplémentaires.

Contact

Mélanie GOUJON (CA PDL), 02 41 18 60 33 - melanie.goujon@pl.chambagri.fr et Florine MARIE (IBB), 02 99 54 03 33 - florine.marie@bio-bretagne-ibb.fr