Gestion des bioagresseurs telluriques par lutilisation de pratiques améliorantes en interculture : exemples en maraichage plein champ
(W. Parmé, CDDM)Des travaux visant à améliorer la gestion des bioagresseurs telluriques en maraichage plein champ sintéressent également à lutilisation de pratiques améliorantes en interculture. Cest le cas des études menées dans le cadre du projet PATHOSOL, piloté par lARELPAL et dont lobjectif est la validation et loptimisation de méthodes de lutte alternatives contre les agents pathogènes des sols. Les travaux du CDDM conduits dans ce cadre ont été présentés par William Parmé après un rappel sur les spécificités du contexte local de la région nantaise : un sol sableux avec une faible teneur en matière organique, une disponibilité des parcelles notamment en été et une irrigation et une fertilisation généralement possibles pour les engrais verts et qui permettent donc dobtenir des rendements importants en biomasse. Le CDDM a évalué trois mélanges dengrais verts : avoine/millet/vesce, ray Gras dItalie/sarrasin et sorgho/phacélie sur deux années consécutives. Plusieurs observations ont été effectuées : porosité et perméabilité du sol à différentes profondeurs, rendement et la qualité (agréage) de la première et deuxième mâche consécutives à une ou deux années dimplantation dengrais verts, et notations après une année dengrais verts de la présence sur mâche de pourriture noire des racines (Thielaviopsis basicola), de Phoma (Phoma valerianellae) et de bactériose. Dans ce contexte local de la région nantaise, il en ressort certaines difficultés pour démontrer limpact agronomique et sanitaire des engrais verts sur du court terme, néanmoins quelques résultats significatifs vont dans le sens dun effet positif sur les propriétés physiques du sol. Les suivis seraient donc à poursuivre sur du moyen terme, voire à adapter aux conditions locales de sol sableux.
Le Ctifl a également conduit des expérimentations en conditions de plein champ dans le cadre de ce projet régional Pathosol, comme présenté par Prisca Pierre (Ctifl). Lobjectif était dévaluer trois pratiques culturales ayant a priori un effet bénéfique contre les bioagresseurs telluriques, en interculture sur une rotation poireau/mâche : une culture de diversification (radis ou navet), la bio fumigation (moutarde broyée puis enfouie) et un engrais vert (vesce ou avoine/seigle). Dans les conditions des essais menés (2013 à 2015), il sest avéré que les pratiques nont pas modifié la structure physico-chimique du sol, hormis le potassium soluble pour lequel une hausse a été observée suite à la culture dengrais verts, biofumigants ou non. Mais la durée dimplantation des engrais verts était courte et les sols sableux probablement peu propices à la retenue des éléments. Un intérêt sur le moyenlong terme serait daugmenter le taux de matière organique pour mieux retenir les éléments. Concernant létat biologique des sols, leffet est difficile à montrer sur les densités fongiques, en revanche, des augmentations de densité bactériennes ont été observées suite à la mise en place dengrais verts. Enfin, daprès lobservation de létat sanitaire des mâches révélatrices, la limitation de la culture de mâche en été, quitte à laisser un sol nu, ou bien au profit dune culture de diversification ou dun engrais vert, biofumigant ou non, est à conseiller pour limiter le développement de R. solani et T. basicola. De même, sil est difficile dévaluer un effet de réduction des populations dagents pathogènes dans le sol, lemploi de ces trois pratiques améliorantes permet systématiquement de limiter leur développement dans la culture par rapport à une modalité « monoculture de mâche ». En perspectives, on pourra notamment retenir lintérêt de poursuivre lacquisition de références sur les conditions demploi de la biofumigation (temps de bâchage, finesse du broyage ), et de développer les engrais verts en combinaison avec dautres cultures voire à travers la technique de semis sous couvert.